Voyage et cheminement

     La lueur est encore grise, le jour ne saurait tarder à se lever, les oiseaux le chantent déjà avec toute la clameur annonciatrice des embellies de printemps.
Pas un bruit dans la maison encore somnolente.

Voilà des années que peu à peu je voyage chaque jour un peu plus loin vers l'inconnu.
La respiration est libre et abdominale et laisse mes pensées voyager sans entraves comme les nuages dans le ciel. Mes jambes croisées s'enracinent sur le tapis , ma colonne s'encre dans le coussin et mes mains  reposent l'une sur l'autre sans efforts.

La moto est un moyen de transport exceptionnel pour laisser libre cours à ses pensées, l'absence de conversation à entretenir, d'autoradio à subir invite à l'introspection. C'est sans doute pour cela que la tentation est grande de multiplier et de prolonger ces moments. Au fil des lectures on trouve des pistes, aussi ténues que des sentiers de randonnées sur les cartes de l'institut géographique national.
D'autres avant ont suivi ce chemin, avançant pas à pas toujours plus loin et toujours plus profond vers eux même. On part souvent bien chargé et puis on abandonne  en cours de route ce qui nous semblait essentiel au début.

Le chat vient voir par la porte entrouverte, et devant mon immobilisme rebrousse chemin vers la chaleur des couettes des enfants. Il a traversé mon ressenti comme les idées traversent mon esprit, j'ai entendu ses pas feutrés puis il a ronronné en se frottant contre la bibliothèque.

Au fil des séances de méditation ma posture s'est affermie, mes épaules se sont détendues, mes jambes se sont assouplies vers le zafuton. Parfois mes muscles ont même craqués de se détendre, comme lorsqu'on se fait manipuler par un masseur. Des petits riens de mieux être se sont accumulés au fil des semaines d'assiduité, les jours sans méditation devenant des jours sans.

Le rituel est épuré à l'extrême, pas de temple si ce n'est intérieur, pas de décorum, pas d'encens ou de prière. S'assoir et respirer. Rien à gagner, rien à perdre, pas d'endroit où arriver ou d'autre à quitter.
Tout se passe ici et maintenant, sommet de l'essentiel et de l'inutile.

Certains décrivent des étapes, des graduations où il faudrait arriver, des états de consciences à faire valider. Tout cela m'indiffère, ne m'apportera rien de plus que ce qui se passe à ce moment précis là. Et à la question du pourquoi je répondrais comme d'autres en leur temps au sujet du sens du voyage: "parce que."


Commentaires

  1. Salut l'ours, je me retrouve beaucoup dans ce que tu écris. Mais toutes ces réflexions que tu arrives à verbaliser tournent sans cesse dans mon crâne, ne laissant pas un moment de répit à mon esprit pour se poser et apprécier l'instant présent. J'entends de plus en plus parler de méditation ça reste un peu obscur pour moi. Comment ça se pratique ? Y a t'il besoin d'un enseignement ? d'un prof ? d'un gourou ? Merci pour ton partage en tous cas !
    Lilian (de l'Amicale)

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  2. Salut Lilian, tu es ton propre prof, guru, ou ce que tu veux, de toute façon si t'as besoin de quelqu'un tu le rencontreras. En attendant tu peux lire les références qui suivent de trois traditions différentes et commencer à t'assoir et à t'intéresser à ta respiration. Te prends pas la tête, tout arrive en temps et en heure. Mais saches que pour trouver il faut chercher, bonne route. http://www.matthieuricard.org/books/l-art-de-la-meditation
    http://www.albin-michel.fr/ouvrages/le-tresor-du-zen-9782226138729
    https://www.amazon.fr/Coh%C3%A9rence-cardiaque-365-Guide-coh%C3%A9rence/dp/2365490026

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